Je ne sais pas si je croyais que quelque chose était insurmontable, je crois que je n'avais tout simplement aucune idée de ce qui m'arrivait quand Louis est mort en août 2020. Je ne pouvais pas me projeter. Je savais bien qu'il était mort (devant nous) mais je ne concevais pas de futur. J'étais juste dans le choc du moment présent.

Alors tout simplement l'insupportable était peut-être de continuer à vivre, mais ça mon corps le faisait, puisque moi je continuais de respirer, et je savais que je n'allais pas me laisser mourir.

Vivre alors que mon aîné est mort ?

L'insurmontable était plutôt d'établir une communication avec lui, avec son être que je savais infini, sans savoir comment, ni où, ni quand, je percevrais sa présence.

 

En fait, je prends conscience que j'ai du mal à répondre à la question car, en général dans la vie, je n'ai jamais rien envisagé d'insurmontable.

Parce que je n'imagine pas de scénarios catastrophes, et parce que dans tout ce que j'avais déjà traversé, passé le premier choc, j'ai toujours trouvé le chemin pour avancer et chaque "obstacle" est devenu une source d'apprentissage.

 

La mort de Louis était inenvisageable pour moi. Je croyais fermement au miracle de sa guérison. Dans ce sens là elle n'était pas insurmontable.

Et quand elle est survenue, du moment de son dernier souffle exhalé devant nous, j'ai su que ce n'était qu'un début, et non une fin.

 

Début d'une expérience intense, bouleversante, inconfortable (pour ne pas dire insupportable), inconnue, mais pas insurmontable.

Début d'une autre forme de vie pour lui.

Début d'une plongée à l'aveugle dans cet "inenvisageable" : qui n'a pas de visage, que je ne peux pas me figurer, que je ne me représente pas.

 

Et tout de suite les questions sont venues :

Qu'est-ce qui est possible maintenant ?

Qu'est-ce qui est possible au-delà des apparences ?

Quel est le trésor caché ici ?

 

Et aussi les demandes adressées directement à Louis :

Où es-tu ? Parle-moi, montre-toi, murmure-moi ta présence subtile.

Que pouvons-nous créer ensemble, toi sans corps et moi avec un corps ?

 

Puis la gratitude est arrivée :

Gratitude pour tout ce que j'avais reçu pendant ses 28 années de vie terrestre, gratitude pour ce que j'avais à découvrir et expérimenter, gratitude d'être en vie, gratitude pour mon mari et nos deux autres enfants.

 

J'ai aussi enfin lâché prise, je me suis abandonnée à la Vie, à la vague tumultueuse qui me renversait, à la tempête des émotions qui m'ébranlait. Cet abandon m'a permis de ne pas me noyer.

Je n'ai pas lutté, j'ai plongé dans les profondeurs obscures, et j'ai laissé les questions et la gratitude me guider vers la lumière.

 

Et puis j'ai perçu la présence de Louis, j'ai reçu ses messages, j'ai eu des signes, j'ai écrit et publié un premier livre, je suis en préparation d'un deuxième.

Je développe chaque jour ma communication avec l'au-delà, ma conscience, ma joie, ma paix.

 

Et quand mes jours s'assombrissent, les questions, la gratitude, le lâcher-prise sont mes outils de prédilection (pas des armes).

 

Et ce n'est que le début.

J'ai encore tellement à apprendre, et à vivre.

 

Rien n'est insurmontable.