Je ne suis pas condamnée

Il avoue ne pas avoir eu le courage  de nous souhaiter une bonne année… serions-nous condamnés ?

Serions-nous donc condamnés à ce que l'on ne nous souhaite plus de bonne année ?

Serions-nous condamnés à ne plus vivre de bonne année ?

Serions-nous condamnés à ne plus vivre, rire, aimer, chanter, savourer, nous réjouir ?

Serions-nous condamnés à raser les murs, la tête basse, alourdis par la tristesse ?

Serions-nous condamnés à errer comme des ombres, meurtris par la douleur ?

Serions-nous condamnés à rester isolés, anéantis par ton absence ?

Serions-nous condamnés à être rejetés, frappés par le malheur ?

Serions-nous condamnés à pleurer des larmes intarissables de désespoir ?

Serions-nous condamnés à survivre dans les affres de l'affliction ?

Quelles sont ces peurs, ces projections, ces conclusions, ces illusions qui stigmatisent la mort et ceux qu'elle rencontre ?

Maintenant que tu es mort je n'ai plus de peur. Le pire pour moi est arrivé. Je ne crains plus rien. Je sais que ta mort n'est qu'un passage et que tu ne reposes pas, mais vis en paix.

Pourquoi me tourmenterais-je ?

Pourquoi ne me réjouirais-je plus, de te savoir en paix et moi d'être encore en corps ?

Pourquoi ne célébrerais-je pas chaque jour la vie et ton éternité ?

Pourquoi ne rendrais-je pas grâce à chaque instant pour tout ce qu'il ma été offert de vivre avec et auprès de toi, et pour tout ce que je reçois depuis que ton corps n'est plus ?

Pourquoi ne goûterai-je pas au plaisir de vivre, accompagnée de ta présence subtile ?

Pourquoi pas ?

Je ne suis pas condamnée.

Nous ne sommes pas condamnés.

Nous ne sommes pas des statues paralysées par le malheur.

Nous sommes vivants et incarnés.

Et la mort n'est pas ce que l'on croit ni ce que l'on veut nous faire croire qu'elle est.

Ta mort n'est pas la fin de ma vie.

Elle le début d'une nouvelle vie, pour toi, pour moi, pour nous.

Et cette nouvelle vie je la choisis joyeuse, rayonnante, épanouie, consciente, bienveillante, riche de découvertes et d'apprentissages.

Cette nouvelle vie je la croque à pleine dents, non pas insouciante mais sereine, avec joie.

Je ne suis pas condamnée.

Je suis libérée de la peur.

Je suis libre.

Libre de choisir.

Je choisis la vie, pleinement, sans concession.